vendredi, novembre 20, 2009

Perou VII (et FIN !): Machu Picchu

Retour dans le « Pérou des champs »…


(Note : si vous commencez votre lecture, mieux vaudrait débuter par « Pérou I », tout en bas… Certaines photos sont « cliquables » et donnent accès à la galerie correspondante. Bon courage !)


Dernier week-end. Départ le matin en bus « collectivo » pour Ollantaytambo. Parlons un peu transports

Dans le haut de gamme, on trouve les bus de ligne type « Cruz del Sur », au service digne d’une compagnie aérienne ; transporte essentiellement des touristes. En-dessous, on a des bus de ligne toutes distances, avec plusieurs niveaux de confort. L’entrée de gamme, clairement destinée aux Péruviens, permet de voyager à peu près partout pour vraiment pas cher ; par contre, confort limite, surcharge, risque de vols…

Les voitures particulières sont très rares. Ici, c’est bus, « collectivo » ou taxi. Les vrais bus de ligne partent (à peu près) à l’heure, souvent de terminaux centralisés (« terminal terrestre »). Les « collectivos » sont des minibus qui partent (généralement depuis un terminus pour chaque entreprise) une fois qu’ils sont suffisamment pleins. Parfois, comme ce matin, ils ne partent que totalement pleins… Enfin, je croyais ! Car en cours de route, succession d’arrêts et on charge, on charge encore. Couloir plein, porte qui ne ferme plus : ce n’est pas grave, tant que ça roule !

Au moins, ça, c’est sympa. Oh bien-sûr, on reste un gringo, mais un gringo qui prend le collectivo est déjà un moins mauvais gringo. Parfois, quelqu’un s’intéresse à toi, te demande d’où tu viens… Puis, si le courant passe, te pose des tas de questions sur ton pays, ton argent, ton travail et le reste, comme avec cet élève de Pisac sortant de l’école ou cette jeune fille qui, après quelques questions-réponses, dira un « cuidate » (prends soin de toi) qui, même si c’est une formule habituelle, fait chaud au cœur. Au moins pour ces deux-là aurais-je redoré le blason des gringos !


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Ollantaytambo est, d’après le Routard, le dernier village à avoir gardé la disposition exacte du village inca. Les ruelles n’ont pas changé, les bases des murs sont les mêmes, les pavés et les rigoles aussi. Rues parfaitement rectilignes, espacement régulier de l’une à l’autre, c’est tout l’inverse de nos villages moyenâgeux français.


Au-dessus domine une forteresse, l’une des dernières à avoir résisté aux Espagnols alors qu’elle n’était même pas achevée. Encore un joli site inca, intéressant pour ressentir le niveau technique et l’organisation rigoureuse de ce peuple dont, hélas, tout le savoir a été perdu par la conquête espagnole…



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Perurail. Compagnie ferroviaire revendue à la compagnie internationale de « l’Orient Express »… De Cusco, deux lignes.

L’une à destination de Puno : Perurail a supprimé les trains de passagers standards pour ne créer qu’un service de grand luxe pour touristes fortunés.

L’autre ligne a pour destination essentielle « Aguas Calientes », même si certains trains vont plus loin. Aguas Calientes est une ville coincée au fond d’une profonde vallée, n’est desservie que par le train, mais est surtout le point de départ du chemin montant au Machu Picchu. Le train y est donc le seul moyen de transport (même s’il est possible de trouver un autre itinéraire par Santa Maria, mais prenant une journée de trajet), c’est sans doute pour cela que la compagnie Orient Express a bien compris l’intérêt de racheter la ligne. Un aller-retour Cusco – Aguas Calientes coûte donc environ 82 $ pour le service le moins cher…


Aguas Calientes est vraiment un bout du monde, construit autour de la ligne et de sa gare, consacrée uniquement au tourisme pour Machu Picchu. Une rue principale, des hôtels et restos partout, un immense marché artisanal et une armée de minibus faisant la liaison avec le site tant convoité (moyennant une cinquantaine de Soles l’aller-retour).

Comment aurais-je pu venir au Pérou et ne pas visiter Machu Picchu ? Cette ville perdue, oubliée pendant des siècles ; ce fantasme des cités perdues devenu réalité… Les Mystérieuses Cités d’Or, Esteban, Zia, Tao…


Voyant la fin du séjour approcher, j’ai préféré faire une croix sur quelques jours à Lima (« la capitale la plus laide l’Amérique du Sud », dixit une copine globe-trotteuse) et prolonger Cusco. De plus, au lieu de me taper 20 à 22 heures de bus pour rallier Lima, j’ai acheté un vol en A 319 qui me prendra une petite heure. J’allais donc pouvoir terminer ce voyage en beauté ! J’aurais aussi pu choisir de faire le « trek du Chemin de l’Inca » à pied. J’aime marcher, mais ne pas perdre trop de temps… Là, cela aurait été trois ou quatre jours de marche (et 300 $ d’agence).

Comme je voulais quand même « mériter un peu mon Machu Picchu », je me suis levé alors qu’il faisait encore nuit pour attaquer à pied le chemin vers la cité oubliée, avant que ne démarrent les premiers bus. C’était un peu mon calvaire, ma pénitence pour espérer être récompensé par un beau ciel bleu sur ces ruines mythiques. Comme souvent, Il m’a exaucé.


Quant au site lui-même, je laisse parler les photos. Le lieu est magique, absolument insoupçonnable depuis la vallée. La végétation tropicale de la région le cache comme elle l’a protégé pendant des siècles ; on comprend que les Espagnols ne l’aient jamais découvert !



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En conclusion…


Je ne peux pas dire que j’ai été déçu (je n’aurais pas le droit de l’être : on prend un pays comme il est !), mais il est vrai que j’ai été surpris. Pas grand-chose ne ressemble aux images que j’avais en tête…

On parle d’inégalités en France, ou de difficultés au travail ? Que l’on vienne donc voir un de ces nombreux pays, comme le Pérou, où les inégalités sont vraiment immenses. En arrivant à Madrid, les patrons du petit hôtel s’étonnaient que j’aie passé trois semaines seul au Pérou (ce n’est pourtant pas grand-chose, à côté de ceux qui passent des mois à faire le « routard »). L’un d’eux m’a dit : « bienvenue dans un pays « normal » et civilisé… »

Bien-sur, je n’ai pas apprécié l’insécurité permanente du « Pérou des villes » et du « Pérou de la côte » (Lima, Nasca…). Bien-sûr, je n’ai pas aimé devoir surveiller à chaque instant mes arrières ; je n’ai pas aimé non plus prendre un taxi en me demandant « et celui-ci, est-ce un vrai, ou va-t-il m’amener en banlieue me faire dépouiller ? » (oui, ça arrive et il est recommandé de demander à un policier de choisir le taxi, ou de le faire appeler depuis l’hôtel).

Il est vrai aussi que j’ai eu ras-le-bol du démarchage excessif des touristes, même s’il est tout-à-fait compréhensible au vu des immenses besoins des Péruviens. Mais quelques milliers de touristes suffiront-ils à aider les millions de Péruviens qui n’ont guère d’espoir de développement ?


A côté de cela, j’ai vu des paysages grandioses, des cieux d’une grande pureté. J’ai visité des sites magiques, preuves des richesses intellectuelles immenses de ces civilisations disparues, dont les Péruviens d’aujourd’hui sont pourtant les descendants.

J’ai rencontré des routards passionnés venant de pays variés ; j’ai apprécié l’accueil franc, naturel et chaleureux de cette famille de Tapay. J’ai aimé les contrastes de ce pays, les villes où cela grouille et court dans tous les sens, les campagnes où l’on prend tout son temps. J’ai adoré ce petit bout d’Amérique du Sud, ce continent qui, pour nous, semble être vraiment un autre monde, où tant de choses sont différentes, où tout est bricolé, rafistolé, trafiqué, où d’autres pays m’attendent avec tant à découvrir.

Pour conclure, j’emprunterai les mots des rédacteurs du guide du Routard :

« L’Amérique du Sud est l’un des rares endroits où le mot « aventure » ait encore un sens. C’est à la fois une aventure personnelle et une expérience importante, mais de toute façon ce n’est sûrement pas ce que vous avez imaginé, et c’est pour cela qu’il faut y aller… »



samedi, novembre 14, 2009

Cusco et le Pérou Inca

Route agréable entre Puno et Cusco, à travers la pampa, traversant des paysages purs et immenses. Après un col à 4350 mètres, une nouvelle vallée très différente (plus verte, plus peuplée) redescend vers la vallée de Cusco. Quelques visites en cours de trajet dont Raqchi puis Andahuaylillas


Note : si le trajet en bus de tourisme coûte environ 80 soles, le même trajet en train coûte… plus de 630 soles (220 $, env. 155 €) ! Evitez donc le train…



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Cusco (ou Cuzco en orthographe « hispanisée »).

Un peu moins de 300 000 habitants, 3400 mètres l’altitude, plusieurs milliers de touristes. Le quartier historique est grand, il y a beaucoup à voir dans Cusco même et encore plus dans les environs qui regorgent de sites incas.

Avantage du tourisme de masse : la ville est propre et bien gardée ; en respectant les règles de sécurités élémentaires, on ne doit pas risquer grand-chose. Inconvénient : les prix sont bien plus élevés que ce que j’ai rencontré jusqu’ici. Le touriste, qui amène en masse dollars, yen ou euros, est parfois exploité à la limite de la décence.

Le pire exemple étant Machu Picchu dont, à quatre jours de mon départ, je me demande encore comment je vais le visiter. Le prix du site est déjà cher, mais les prix de l’unique compagnie ferroviaire sont franchement du « racket ». Pas moyen de passer outre, puisqu’à pied il est obligatoire de passer par une agence et le « trek » coûte des centaines de dollars (note : Antoine a réussi à tout faire à pied sans agence, mais cela prend des jours et n’est pas vraiment autorisé). De plus, l’argent récolté par « Perurail » ne va même pas dans les poches locales, puisque c’est la compagnie internationale « Orient Express » qui en est la propriétaire. « Le train le plus cher du monde », d’après le Routard…



Mise à part ce petit coup de gueule, la ville est magnifique. Déjà, sa situation dans un cirque où débute une superbe vallée a naturellement incité les Incas à y fonder la capitale de leur empire.

Les espagnols (et leurs religieux) ont ensuite voulu faire un exemple en détruisant tout ce qui était inca, mais ont tout-de-même reconstruit une ville exceptionnelle. Quel dommage qu’ils n’aient pas su s’imposer sans détruire ! Mais bon, on ne peut réécrire l’Histoire…


Comme toutes les villes d’influence espagnole, Cusco vit autour de sa Plaza Mayor, vaste et entourée de magnifiques immeubles à arcades et balcons. En quittant la place par l’Est ou le Nord-Est, on trouve deux quartiers plus « humains », aux petites ruelles pavées et aux pentes fatigantes : San Cristobal, quartier calme où je dormais, et San Blas, plus animé et touristique mais toujours agréable (grand choix de bars et restos).



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Mais au fait, que mange-t-on au Pérou ?

Je n’aurais pas la prétention de faire une liste exhaustive, voici simplement les grosses tendances, selon mes goûts.

- Du poulet, beaucoup de poulet. Sandwiches, hamburgeses, escalope pannée, divers morceaux pannés et fris, poulet en sauce avec du riz, poulet avec des spaghettis à la chinoise, j’en oublie…

- Beaucoup d’influences de la cuisine chinoise. Certains restos sont totalement asiatiques, mais beaucoup font un mélange « chinois –péruvien ».

- Riz (souvent parfumé et ferme, très bon) et pommes-de-terre (généralement insipides) quasiment dans tous les plats.

- Divers potages ou soupes en entrée, certaines soupes de quinoa étant parfois délicieuses.

- J’arrête le « lomo » (bœuf…) sous ses diverses formes : viande bouillie, rarement bonne et semblant souvent peu fraîche, je ne peux plus le sentir.

- Tout plein de plats mélangés où on ne sait pas trop ce qu’on mange (peut-être parfois vaut-il mieux ne pas savoir quand on aime, comme moi, manger dans de petits boui-bouis populaires)

- Hygiène souvent plus que « limite » selon nos critères occidentaux. Même mon estomac que je croyais résistant à toute épreuve a fini par chopper une bactérie plus virulente que les autres !

- Petites sauces plus ou moins pimentées et de diverses couleurs sont proposées avec à peu près tous les plats. Attention, certaines peuvent être surprenantes.

- Plein de spécialités d’une région à une autre. J’ai goûté la viande d’Alpaga : pas mauvaise mais très salée. J’ai aussi essayé le Cuy, gros cochon d’Inde servi généralement entier : bizarre, pas vraiment mauvais, mais cher et plus « folklore » que réellement populaire…

- Les petits pains vendus en tas sur le trottoir sont souvent très bons. Là encore, l’hygiène ferait peur à certains français maniaques.

- On boit des « chicha », à base de maïs violet, je n’ai pas tout compris. Enfin, ça se laisse boire, mais j’ai l’impression que c’est coupé avec de l’eau (non bouillie), d’où risque pour un organisme non habitué. On boit beaucoup de bière, même si proportionnellement au niveau de vie, elle semble assez chère. Je trouve la Cusqueña excellente (surtout en ambrée).

- Pour mieux supporter l’altitude, j’ai bu pas mal de « mate de coca », une bête infusion de feuilles de coca ; bon et efficace. Le « mate de muña » est encore meilleur, mais plus rare.

En bref : cuisine très variée et, si l’on y met le prix, pouvant être très bonne. Par contre, dans les petits boui-bouis pas chers, on retrouve toujours un peu les mêmes mélanges.


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Depuis Cusco, les sites incas sont nombreux sans aller très loin. Ils peuvent tous être inclus dans un même abonnement touristique (sauf Machu Picchu, plus loin et plus cher).

Un site déjà impressionnant se trouve à 30 minutes à pied de Cusco : Sacsayhuaman. Forteresse, temple, les explications varient selon les guides. De même pour les techniques ayant permis aux Incas de tailler et déplacer d’aussi énormes blocs de pierre, il suffit de laisser trainer les oreilles près des groupes touristiques pour entendre des explications pour le moins… variées (allant jusqu’aux extra-terrestres, comme à Nasca).


Il ne faut pas se contenter de regarder le site dans son ensemble, mais prendre le temps de « discuter » avec les pierres. Admirer leur ajustement parfait, mais aussi des petits détails, des traces ici ou là, etc…


Une autre partie du site, très différente, présente une sorte d’amphithéâtre ainsi qu’un petit labyrinthe dans la roche, très amusant. Plus loin sur la même route, d’autres sites plus petits mais tous bien différents : Q’enqo (ou Kenko) semble être un centre religieux dans et autour d’un énorme rocher traversé par deux tunnels ; on y trouve un superbe autel pour les sacrifices. Pucapucara est une simple forteresse sur la route du site suivant : Tambomachay, le « bain de l’Inca » d’où coule une source sacrée…


Plus loin (45 minutes de bus depuis Cusco) se trouve Pisac. Encore un site très varié, caché dans la montagne. Aujourd’hui, on peut y monter en taxi ou car de tourisme, mais avec Patrick (blog ici), routard rencontré à Cusco avec qui j’ai partagé cette journée, nous avons préféré l’ascension à l’ancienne, entièrement à pied (1h30, mais c’est raide !).


Différentes ruines, forteresses, terrasses, habitations et un centre cérémoniel. Aussi un immense cimetière dans la falaise faisant face au site (plusieurs milliers de tombes troglodytes). J’ai particulièrement été impressionné par la rigueur et l’esthétisme des terrasses ; non seulement leur construction est rigoureusement parfaite et régulière, mais leurs courbes démontrent une incontestable recherche d’élégance… Esthétique qui ne nuit pas à l’efficacité, puisque rien n’a bougé depuis des siècles, malgré les tremblements de terre dont a souffert la région.



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Cette fois, ça y est, je fais un rejet. Je sature. OK, je suis un touriste gringo plein de fric ( ? ). OK, ils ont un niveau de vie plus bas que le mien, il faut bien que tout-le-monde vive. Sauf qu’il y a un moment où, même en intégrant tout cela, ce démarchage incessant n’est plus supportable.

Depuis quelques heures, j’ai du refuser à une centaine de cireurs de pompes, à peu près autant de propositions de « masaje », voire « masaje especial ». Mais aussi à des dizaines de vendeurs de : lunettes, disques, peintures, sans compter les vendeuses d’artisanat à chaque mètre, etc… Ajoutons à cela la fausse paysanne et son alpaga qui posent pour un sol, le pseudo-Inca en tenue qui te prend par le bras…


Encore à l’instant, je viens de payer 15 soles (le prix de deux repas à Lima) pour avoir simplement le droit d’entrer dans la petite église de San Blas ; même les photos sans flash n’y sont pas autorisées. Quinze soles, simplement parce que je suis un gringo ; les locaux entrent librement. A la seconde où j’ai poussé la porte avec mon ticket, trois « guides » ont couru après le pigeon que je suis pour essayer de me vendre leurs services (cette fois, je les ai renvoyés balader, qu’ils payent pour les autres !).

Non, vraiment, il est un moment où ça ne fait plus rire personne. Patrick, avec qui j’ai visité Pisac, disait fort justement : « Il était temps de venir, ça commence à devenir Inca-land… »


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Cusco serait pourtant une ville magnifique et charmante. Ses petites ruelles mélangées de quelques murs incas surmontés de constructions coloniales. Ses escaliers biscornus, ses fenêtres bancales, ses balcons superbes et variés… Sans doute y a-t-il plein de Cusqueños sympas et honnêtes, faisant leur travail sans abuser.

Sauf que voilà, c’est tellement gâché par les excès que prendre mes photos devient difficile, presque impossible. Du coup, plein d’images en tête de cette ville, mais peu de photos réellement représentatives. En espérant que le tourisme et l’exploitation parfois indécente des gringos qui en découle ne pourrissent pas complètement cette ville qui pourrait être exceptionnelle…



dimanche, novembre 08, 2009

Perou V: en route pour le Titikaka


Les petits hôtels genre « routard », c’est parfois idéal pour faire des connaissances. Les personnes qui choisissent ces petits hôtels pas chers mais bien placés sont souvent curieuses de découvertes et de discussions avec d’autres cultures.

Pour cela, mon petit hôtel d’Arequipa a donné de bons résultats ! Par exemple, pour faire connaissance d’un grec, artiste « designer » de vêtements, venu monter son entreprise au Pérou. Ou encore passer une soirée avec une japonaise passionnante à essayer de discuter en un mélange d’Espagnol – Anglais à propos du Pérou, de l’Espagne, du Japon, de ses projets, etc… sans compter toutes les autres nationalités que j’ai croisées !


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La route entre Arequipa et Puno, pour rejoindre le lac Titikaka, passe par de hauts plateaux ( cols autour de 4700 mètres ) semi-désertiques. Suivant l’aridité du lieu, on y croise des alpagas, des moutons et surtout des adorables petites vigognes.

Ici ou là, ces hauts plateaux sont ponctués de zones humides, voire d’oasis. Dans ces zones, on peut apercevoir toutes sortes d’oiseaux ; il y a des réserves protégées où l’amateur de chasse-photo doit pouvoir se faire plaisir.


Comme toujours, ce pays est étrange.

Quand on se croit en plein désert, il suffit de regarder une pierre pour y voir une petite pyramide d’autres pierres ; partout ou presque !

De même, là où l’on pourrait penser que la région n’est pas vivable, on aperçoit toujours quelqu’un qui va Dieu seul sait où. Toujours au milieu de nulle part, là où rien ne semble pousser, vivotent des petits villages tels ceux qu’on imagine grâce aux westerns…


Avant Puno, Juliaca est la plus grosse ville de la région (240 000 habitants environ, altitude 3900 mètres). Dieu merci, le bus se contente de la traverser… Qu’a-t-il bien pu se passer ici ? Une guerre ? Un ouragan ? « El Niño » aurait-il fait des siennes ici plus qu’ailleurs ? A part la route principale empruntée par le bus, tout semble n’être que rues défoncées, tas de briques, maisons en éternelle (re-)construction… Ici, des gamins crados jouent dans la terre des rues ; là, un homme et une femme se battent pour un « vélo-carriole » (45 000 tricycles recensés : au moins, c’est écolo !). Une voie ferrée traverse cette immense ville-banlieue de part en part, sur laquelle les gens commercent et les enfants jouent, ne s’en écartant que lorsqu’un rare train y circule, toutes cornes sonnantes, un peu comme sur les images que l’on a des pays du tiers-monde (pardon : « PVD »)…

Non, vraiment, je ne suis pas un vrai « routard » et surtout pas un aventurier. Je n’aurais même pas le courage d’être journaliste et de faire un reportage ici. Depuis mon bus de tourisme, double-étage et climatisé, je me sentais protégé et n’aurais souhaité devoir en descendre pour rien au monde ! Je priais pour que Puno, ma prochaine étape, ne soit pas comme Juliaca…

Note : dans la région du Titikaka, la saison des pluies peu courir d’octobre à mars, même si elle est particulièrement virulente à partir de janvier. Juliaca étant en plaine et ne disposant d’aucun système d’évacuation des eaux, il s’y produit au moins une grosse inondation chaque année !


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Ouf ! Grace au tourisme, Puno (l’un des principaux ports pour visiter le lac Titikaka) ne ressemble pas à Juliaca. L’argent a permis d’y réaliser un centre-ville à peu près propre, quelques rues commerçantes animées et sures. Revers de la médaille : on y croise plus de touristes que de locaux et les prix y sont assez élevés.

Puno est le point de départ vers les îles flottantes Uros et, plus loin, les îles Amantani et Taquile.

Même le Guide du Routard pense qu’il est difficile de s’organiser un voyage dans les îles sans passer par une agence. J’ai donc du faire confiance à l’agence de l’hôtel pour me faire visiter ces îles. Départ le matin pour les Uros, trois heures de bateau encore pour Amantani, réception par une famille d’accueil, petit spectacle le soir ; le lendemain, bateau pour Taquile, visite puis retour à Puno.

Qu’en dire ? Vraies traditions locales ou simples attractions pour touristes ?

Les îles flottantes, constituées de couches de roseaux, sont vraiment surprenantes. Chaque île a son petit hameau et peut être déplacée à loisir. Les seules touches de modernisme sont les téléphones portables et quelques panneaux solaires.

Malheureusement, on vous y accueille par des « bienvenue » en quechua qui sonnent faux, des gamins de quelques années réclament cadeaux et argent, les femmes étalent chacune leur artisanat (tous les mêmes), etc etc… Un tour en bateau de paille jusqu’à l’île voisine est quasiment obligatoire (et payant), accompagné de chants ridicules (« matelot navigue sur les flots ») en français ou en anglais. Bref, le cadre aurait pu être formidable, mais ne nous a finalement donné qu’une envie : fuir !



Arrivé à Amantani, petit repas en début d’après-midi dans la « famille d’accueil ». Excellente soupe de quinoa, suivie d’une assiette de riz/pomme-de-terre/œuf et d’un maté.

Le maté n’est même pas terminé que mon hôte dépose sur la table toute sa production artisanale ; à des prix de nuit d’hôtel, bien entendu. Si je ne voulais pas servir de viande pour les repas des touristes suivants, il fallait acheter… Idem pour la suite. Rendez-vous au stade pour « partir visiter l’île »… où nous attendent plusieurs femmes et leur artisanat, additionné de bouteilles ou de nourriture (« Mars » etc.) à vendre.

L’île possède deux sommets et sur chacun d’eux a été dressé un temple, l’un en l’honneur du Pachacamac, l’autre de la Pachamama. ? Objectivement, les temples n’ont en fait pas grand intérêt, si ce n’est les petits chemins entre les murs pour les atteindre (avec le ciel lourd, on se serait cru en Irlande) et, bien entendu… les nombreux étalages d’artisanat, sans compter les petites filles qui implorent pour l’achat d’un bracelet.

Le soir, le repas se compose de la toujours aussi bonne soupe de quinoa, suivie d’une assiette de riz et légumes (essentiellement des pommes-de-terre avec quelques bouts de carotte). Je suis servi seul à l’unique table, tandis que la cuisinière et deux de ses filles mangent à même le sol, devant le feu, en parlant en quechua. Passionnant. Quant à l’homme de la maison, il doit manger devant la télé, semble-t-il (l’électricité, sous forme de panneaux solaires et batteries, serait arrivée il y a seulement 5 mois).

Parlons-en, des hommes ! Ici plus qu’ailleurs, on ne les voit pas travailler. Les femmes font leur artisanat, travaillent aux champs, s’occupent des nombreuses progénitures, font la cuisine et le reste… Les hommes ? Se servir régulièrement de leur queue semble être leur principale activité. Ici, mon hôte a sept enfants, elle doit avoir moins de 45 ans mais en parait 60 selon nos critères. L’homme de la maison, lui, fait plus jeune et en meilleure santé ; il m’a dit tout simplement : « Je ne travaille pas. On vit du tourisme et de notre artisanat, c’est assez. »


Pour résumer : une expérience intéressante pour ce qui est du mode de vie traditionnel sur une île presque complètement préservée. Mais une expérience très désagréable à vivre, où le touriste n’est vraiment considéré que comme un porte-monnaie. Tout le contraire de nos rencontres à Tapay. Peut-être qu’à plusieurs, cela aurait pu être amusant ; mais seul, je ne conseille pas…

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Il parait que la lumière sur le lac Titikaka est exceptionnellement belle. Sauf que contrairement à Colca où les Dieux Incas nous accompagnaient, ici ils ont décidé de se fâcher. Je ne sais pas pourquoi, d’ailleurs, j’avais pourtant bien jeté mes feuilles de coca dans les deux temples après en avoir fait plusieurs fois le tour !

Toujours est-il que le lac s’est entouré de nuages, puis d’orages. Quand j’ai demandé au guide s’il allait pleuvoir, il m’a répondu « Ici, il ne pleut que de janvier à mars. » Les orages ont continué malgré tout à se resserrer autour de l’île, jusqu’à ce que le ciel nous tombe sur la tête. La jeune fille venue nous chercher dans les chemins (de nuit, sous la pluie, faut connaitre) me confirme que c’est la première fois qu’elle voit ça en octobre.

Le lendemain, j’ai mis le réveil à 5 heures pour aller prendre des photos du lever de soleil sur le Titikaka, si réputé pour cette lumière. Manque de bol : le ciel ne s’est pas dégagé et seul le gris domine. Pas de rayon de soleil, pas de photo.


lundi, novembre 02, 2009

Perou IV: intermède cartographique



Pour info, Cusco – Lima =

- environ 575 kilomètres à vol d’oiseau, soit une bonne heure en avion ;

- environ 1100 kilomètres par la route, soit 20 à 22 heures de bus…

jeudi, octobre 22, 2009

Perou III : Arequipa et Colca


Bon allez, j'ai peut-être exagéré un peu sur la surface des 8 rues par 5 rues fréquentables à Arequipa. Ça, c'est de nuit. De jour, il semble qu'on puisse s'éloigner un peu.

En même temps, le centre est tellement joli et agréable qu'on n'a pas vraiment besoin d'aller chercher d'autres visites plus loin. Oui, vraiment, Arequipa est une ville où il fait bon vivre.

La Plaza Mayor d'Arequipa est une des plus jolies que je connaisse. J'ai failli dire: "une des plus jolies Plaza Mayor d'Espagne"...
Le soir, comme en Espagne, tout-le-monde y converge et vient la voir s'illuminer; elle est encore plus magnifique comme ça. A 2300 mètres d'altitude, on pourrait s'attendre à ce que cela fraichisse en soirée; mais non, la température très chaude en journée redevient simplement plus agréable.



Il est quand même un petit détail déconcertant au Pérou, c'est le "calage" horaire; le choix du fuseau. En effet, en ce moment (on va dire avec beaucoup d'approximation que c'est un peu le début du printemps), il fait grand jour vers 5h30, alors que la nuit tombe vers 18 heures.
Le mode de vie aurait pu s'adapter, mais non. Les bars servant des petits-déjeuners n'ouvrent que vers 7h30, et les visites rarement avant 9 heures. Du coup, on perd des heures de soleil et les journées semblent courtes!

Antoine, jeune Bordelais ayant choisi de visiter l'Amérique du Sud pendant un an à la suite de ses études, me confirme qu'Arequipa est la ville lui semblant la plus agréable à vivre, depuis les deux mois qu'il vadrouille.
Vous pouvez voir ses photos ici:
http://www.flickr.com/photos/antoineg


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(Mercredi)

J'en ai, des choses à raconter, depuis ces quelques jours où je n'ai pas eu le temps de remplir ce carnet.
Samedi, visite du monastère Santa Catalina. Un véritable village dans la ville! Des rues, des "quartiers", plusieurs cloitres tous différents. Beaucoup de charme, des cellules meublées et décorées avec gout, de petits escaliers ne menant nulle part, de jolis objets ici ou là: de quoi s'amuser avec l'appareil et essayer de faire des choses un peu "graphiques". Avec Antoine, passionné lui-aussi de photographie, nous avons passé près de cinq heures à jouer à qui-mieux-mieux avant de nous lasser.


Un samedi soir, au Pérou comme ailleurs, on sort, on boit un peu, on fait la fête. Nous avons terminé à l'hôtel en compagnie d'autres "routards" de tout pays: péruvienne et péruvien bien-sur, mais aussi texan, grec, un autre d'Alaska et j'en oublie (quelques jours plus tard, ce sera avec Orie, jolie Japonaise); le tout dans un mélange d'anglais et d'espagnol pas toujours académique...

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Dimanche, départ pour le Canyon de Colca.
Au départ, je ne savais pas si j'allais effectuer cette visite ni, le cas échéant, comment j'allais l'organiser. La solution de facilité aurait été de passer par une agence de voyages, en payant cher pour visiter les villages prévus, dépenser dans les boutiques pour touristes, dormir aux endroits prévus, marcher en file indienne, etc...
Heureusement, j'ai donc rencontré Antoine qui s'apprêtait à partir plus "à la routarde". Nous avons pris un bus de ligne à travers la pampa pour rejoindre Chivay (bus pour Péruviens, bien chargé; route asphaltée par portion, piste en terre le reste du trajet) puis Cabanaconde, petite ville surplombant le canyon et qu'aucun bus ne dépasse. Nous avons aperçu nos premiers condors qui volaient vers le panorama pour touristes où ils sont "artificiellement" nourris à coup de morceaux de viande...
Le lendemain, réveil à 6 heures pour descendre dans le canyon, environ 1000 mètres de dénivelé qu'il faudra bien penser à remonter. Si le paysage est vertigineux et aride, le fond du canyon est entouré d'une bande de végétation quasi tropicale et de véritables oasis.

Au départ, nous avions prévu un "trek" plus long. Mais après avoir remonté plusieurs centaines de mètres de dénivelé par une chaleur écrasante, j'ai commencé à avoir des doutes sur ma capacité à suivre Antoine, plus jeune et plus sportif que moi. Nous avons alors choisi une option un peu plus courte, celle proposée dans le guide du Routard. Après avoir rejoint Malata, village fantôme en pleine journée (mais où sont-ils donc?), nous avons poursuivi jusqu'a Tapay.
2900 mètres d'altitude, le souffle court, cherchant de l'oxygène et attaqué par les crampes, j'avoue avoir eu un mal fou à terminer (presque à "quatre-pattes"); ce jour-là, j'ai atteint mes limites.

A Tapay, nous étions manifestement les seuls touristes. A peine le temps de retrouver notre souffle à la terrasse d'une chambre d'hôte que le propriétaire nous propose de l'accompagner aux champs. C'est alors que s'est passée la plus enrichissante expérience humaine de ce voyage...


Nous avons donc rejoint les petits champs en terrasses qui étaient l'objet du travail de ce jour. Toute une communauté (famille, voisins, enfants) était présente pour s'entre-aider. Les hommes retournent la terre à l'aide d'outils ancestraux, les femmes ratissent et retirent herbes et pierres. Puis arrive le petit coup à boire, constitué d'une boisson à base de maïs distribuée par les femmes et d'une liqueur de pommes servie par un homme, avant de reprendre le travail.
Avant d'oser prendre des photos, j'ai bien demandé si cela ne dérangeait personne:
"No quiero molestar con las fotos...
- Molestar? Molestar quien? Heee!! Este hombre pregunte si las fotos les molestan!
- (Un autre au milieu du champ) Molestar? Porque? Me gusta mucho ser fotographiado! dit-il en se marrant a pleines dents."
OK, puisque c'est comme ça, on va s'en donner à coeur-joie! Bon, c'est vrai, les femmes et les enfants nous regardent un peu comme des extra-terrestres; quant aux hommes, ils sont plutôt amusés.


Timides au départ, les enfants s'approchent, s'étonnent de nos barbes et des poils d'Antoine, demandent s'ils peuvent regarder nos étranges reflex numériques et se marrent en découvrant leurs trombines sur l'écran...
Antoine est un garçon qui attire la sympathie comme j'en ai rarement connu. Pour les enfants comme pour les autres, c'est un véritable aimant. Il confie son reflex Pentax à un des gamins qui jubile et je me sens obligé de faire de même, bien que l'idée de filer mon Nikon à 1200 € à des enfants couverts de poussière me demande un effort surhumain.
Toutefois, le résultat est surprenant! Pris en photo par leurs copains, les gamins se lâchent encore plus et prennent des pauses on ne peut plus naturelles et spontanées. Malheureusement, le poids de mon reflex fait que les portraits sont souvent cadrés trop bas; ceux du Pentax d'Antoine rendent mieux.


Devant notre attitude, les villageois sont à la fois surpris et ravis. Pour eux, nous ne sommes déjà plus des "gringos" totalement comme les autres!
Bien-sur, ils nous font trinquer très vite avec leur délicieuse liqueur de pomme; mais aussi nous proposent-ils ensuite d'essayer leurs outils et de retourner la terre, alors que notre hôte nous prend en photo avec nos propres appareils. Placer les trois bêches en demi-cercle, les enfoncer et basculer en même temps pour que se forme un trou: tout est question de synchronisation! Immédiatement, une femme y balance quelques semences puis une autre recouvre le trou au râteau.
Bien-sur, j'aurais voulu prendre de plus beaux portraits, techniquement plus réussis, mieux exposés ou éclaires... Mais si ceux-ci sont imparfaits, ils ont le mérite de l'authenticité et de la spontanéité. Et cette rencontre entre ces villageois et nous, à quatre heures de marche (rythme péruvien) ou de mule de la première route et des commerces de Cabanaconde, restera un souvenir unique et inoubliable, par sa simplicité et sa sincérité...

Plus tard, lors du repas que nous offrira notre hôte en compagnie de toute la communauté ayant participé aux travaux, celui-ci nous avouera que les touristes venant seuls ici sont très rares, mais généralement mieux apprécies. Ceux venant avec un guide font un tour dans le bled et repartent pour leur trek et un hôtel plus confortable. Peu sont ceux qui, selon lui, prennent le temps de s'intégrer vraiment. Nous n'en serons que plus touchés...



* * *


Le lendemain à 5 heures, descente dans le canyon puis lente remontée de l'autre cote: 700 mètres de dénivelé dans un sens, 1000 dans l'autre. Pour être sûr d'arriver en haut, j'ai adopté un rythme très lent mais régulier. Cinq heures et demi de marche tout-de-même, dans un sentier parfois à flan de falaise.
Bien entendu, personne ne m'a forcé à aller souffrir dans ce chemin. Mais sans cela, aurais-je connu le vrai Pérou des champs, perdu au fond des montagnes? (Et encore, on peut bien-sur trouver plus isolé.) Se forcer un peu, cela offre des récompenses.
Justement, alors que la montée paraissait interminable, que le soleil s'approchait de son zénith, que la montagne semblait grandir à chaque fois que nous pensions arriver au sommet, une nouvelle récompense allait nous être offerte.

Depuis 5 heures, tout en marchant, nous scrutions le ciel et la montagne à la recherche d'un condor, et rien. Pourtant, tous avaient dit: "au lever du jour ou en soirée".
Et là, à l'heure où le soleil atteignait sa plus haute place, à la seconde même où nous arrivions enfin sur le plateau, un gros oiseau est passé silencieusement au-dessus de nos têtes. Sans un battement d'ailes, il a tourne autour de nous, puis est allé gratter la falaise pour reprendre de l'altitude. La chaleur et les vents l'ont renvoyé haut dans le ciel, toujours sans qu'il n'ait besoin d'un effort. Il est repassé devant nous, au-dessus de la vallée.
A l'instant où nous le perdions de vue, Antoine me disait de me retourner. Là, à quelques mètres de nous, une mini tornade soulevait de la poussière vers le ciel. Elle a suivi un chemin sur plusieurs mètres avant de s'estomper elle-aussi... Pas un souffle d'air, ni avant, ni après!

Pour l'oiseau, pas de doute possible. La forme des ailes, les parties blanches, la majesté du vol: c'était bien le Roi des oiseaux des Andes, c'était bien un Condor. Peut-être pas totalement à taille adulte, mais un Condor quand même. Notre Condor, pas un de ceux qui se contentent de la nourriture offerte par les touristes au mirador... Quant à la tornade?


Note : dans Tapay, ce petit village que vous pouvez voir sur cette photo, l’école accueille tout-de-même 21 élèves. Ils y vont de 8h30 à 13h30, avant de rejoindre la famille aux champs ou de garder les moutons, par exemple…



samedi, octobre 17, 2009

Perou II - Nasca et la Panamericana

En route depuis Lima vers Nasca par le fameuse route "Panaméricaine" (route légendaire longeant plus ou moins le Pacifique du nord au sud), depuis le second étage de mon autocar grand tourisme (avec repas servi à bord par une hôtesse), depuis mon petit luxe bien protégé, je suis effaré par ce que je vois.
Bien-sur, je m'attendais à un niveau de vie assez bas, à quelques bidonvilles. Mais je ne m'attendais pas à cela. Pas à ce point. Pas à ce que la grande majorité des habitants de cette cote pacifique péruvienne vive dans de petits abris de bric et de broc, avec souvent trois semblants de murs, parfois quatre, mais rarement de vrai toit (généralement une vulgaire toile, au mieux des matériaux de recup.)...

Ce fut d'abord la traversée de Lima. Après la prise en charge dans la gare routière "Cruz del Sur" ultra-moderne, sur-gardée, où les bagages sont consignés comme par une compagnie aérienne et les passagers filmés une fois assis, ce sont 20, 30 minutes à travers l'agglomération avant que la densité ne se calme un peu. Ce Lima qui confirme ce que ma petite expérience de la veille m'avait fait comprendre: la partie fréquentable par le touriste, même animé des meilleurs intentions, ne représente qu'un petit point sur la carte de cet immense bassin de pauvreté.



Puis arrive le désert, recouvert le long de cette Panamericana de petites baraques de trois fois rien, des ruines, sur des terrains de quelques mètres-carrés scrupuleusement délimites par des pierres ou un trait de peinture...
Les villes et villages traversés ne sont guère mieux: les mêmes modestes ruines, mais entassées les unes contre les autres. Devant, quelques hommes bricolent, quelques femmes attendent le client, des gamines de 14 ans trainent sans but, enceintes jusqu'au cou si elles ne sont pas déjà affublées d'un mouflet.




J'étais parti avec l'idée de louer une moto quelques jours, peut-être à Arequipa mais surtout à Cusco. Je n'ai pas encore arrêté de décision, mais à voir la pauvreté d'ici, je peux abandonner l'idée (reste à voir si ce sera différent dans la montagne).
Ce n'est pas l'idée de conduire au milieu de ces fous qui me dérange (toute priorité ou stop n'existe pas): je sais que je peux être aussi téméraire qu'eux, il suffit juste d'oser. Non, le problème serait plutôt de devoir s'arrêter. Imaginez une panne le long d'un de ces bidonvilles: ce n'est pas quatre gamins qui en sortiraient, mais sans doute des dizaines qui, en quelques minutes, me débarrasseraient de la moto, de mes "dineros", de mon appareil-photo et du reste, histoire d'améliorer leur quotidien pendant quelques jours...


* * *


- A Lima, j'ai vu une manifestation chaque jour. Mais aussi des policiers anti-émeute jamais très loin, repoussant plus ou moins calmement les contestataires une fois que la plaisanterie a assez duré. Tourne aussi autour de la Plaza Mayor un vieux camion blindé équipé de lances-à-eau, d'au moins 40 ans, qui rappelle des heures plus sombres de l'histoire de ces pays...

- Sans doute en quête de liberté d'expression, les Péruviens avec qui j'ai discuté m'ont toujours branché politique: "Que penses-tu de la politique dans ton pays? Ça marche comment, la démocratie, en France? Il y a des manifestations aussi, chez toi?" Par contre, pour leur faire parler de leur pays, c'est plus difficile.

- Fujimori (Président du Pérou de 1990 a 2000, destitué, exilé puis arrêté, vient d'être condamné à 25 ans de prison pour, entre autres, violations des droits de l'homme - arrestations et exécutions arbitraires -) a toujours de nombreux supporters, alors que nous, Français, le classons parmi ces nombreux politiciens corrompus et autoritaires (théoriquement socialiste ?) dont l'Amérique du Sud a toujours été pourrie. Toujours est-il qu'on voit des slogans "Fujimori innocente" pendant 200 kms le long de la Panamericana!


* * *


Nasca est une petite ville connue pour faire une étape. Rien à voir (aucun immeuble historique ou vieille petite maison), si ce n'est les petits commerces, restos, mais surtout les différentes attractions, toutes basées sur les fameuses "lignes".

Le survol en avion, c'est inévitable. Bien-sur, c'est l'industrie pour touristes, mais comment faire autrement?
Même si on peut découvrir aussi bien les "lignes" depuis des photos ou des bouquins, cela reste des images mythiques que nous avons tous en tête et qu'il serait dommage de ne pas avoir vu "en vrai" tout en passant dans la région. Au moins pour pouvoir le dire...
Coté avions, il y a toute la gamme Cessna. Depuis le Grand Caravan moderne jusqu'au vieux 185 train classique, celui qui m'a amené (sans doute le plus vieux du terrain).
Les vols en bétaillère s'enchainent, les virages serrés à basse altitude autour des différents dessins aussi. Faut aller vite pour prendre des photos, qui ne seront d'ailleurs que de simples photos-souvenirs (vous en trouverez de plus belles sur le Net)...




* * *


Jeudi: coup de blues...

Tant qu'il ne vous est jamais rien arrivé, vous ne connaissez pas la peur. Depuis que j'ai fait les "100 mètres de trop", je me rends compte que j'ai quand même un petit coup au moral.
A Lima, je n'ai pu retrouver la tranquillité. Une fois dans le bus, où l'on se sent protégé, cela s'est calmé et l'arrivée à Nasca m'avait laissé une impression un peu meilleure.
Que nenni! Depuis ce matin (et mis à part l'aeropuerto), impensable de sortir l'appareil-photo. Le centre-ville ayant l'air calme (et moins pauvre à l’extrême), je m'y balade un peu mais tourne vite en rond.

Apres avoir mangé un menu dans un resto très correct (donnant sur la Plaza Mayor), le serveur me met en garde:
"Vous avez vu l'homme qui s'est assis à la table à côté et est reparti sans manger? Il surveillait votre sac. Il est repassé plusieurs fois devant et il ne doit pas être le seul à vous avoir repéré.
- Ah, bien, merci. Et comment je fais, moi, maintenant? Je reste ici toute l'après-midi?
- Non, vous pouvez sortir, mais accrochez bien votre sac-à-dos. Et prenez un taxi.
- Même pour aller au musée, à 300 mètres?
- Si, si, prenez un taxi, c'est seulement 2 soles et c'est plus prudent..."

Le serveur m'a accompagné et a appelé lui-même un taxi. Moi qui adore marcher des kilomètres, me voici obligé de rouler en taxi pour quelques centaines de mètres!
Pourtant, des touristes, il y en a plein, ici. Mais peu sont seuls; en groupe, sans doute risque-t-on moins. Quant à moi, je ne pensais pas faire à ce point la cible idéale...

Je commence à m'inquiéter vraiment pour la suite du voyage. Je sais déjà que je ne pourrai pas faire exactement ce que je voulais faire. En tout cas, pas tout seul.
J'en ai même honte, mais l'idée m'est passée par la tête de l'écourter! Non, ce n'est pas le mal du pays; en général, c'est plutôt en France que j'ai le mal du pays; enfin, des autres pays... ¡Tellement souvent, j'aimerais être en Espagne!
Eh bien voici que je ressens la même chose, alors que j'accomplis un voyage de rêve et que je devrais, au contraire, en profiter à fond.
Du coup, j'ai choisi de me réfugier à l'hôtel et d'écrire ces lignes, en attendant l'heure où un taxi (encore!) m'amènera à la station de bus toute proche, mais difficilement accessible de nuit.
On m'a promis qu'Arequipa était une ville calme, que la mentalité de la montagne était différente. Je l'espère. J'espère que j'y retrouverai le moral et l'envie de visiter, découvrir et profiter.

Note : Nasca et les villes du désert côtier semblent être les villes des grosses voitures américaines. Plus pourries les unes que les autres (mais au bruit toujours magnifique), les Gran Torino (cf « Starsky et Hutch »), entre autres, se dérouillent un peu quand leurs propriétaires ont de quoi les nourrir, ou servent simplement de points de ralliement et de discussion autour de l’autoradio. Parfois, vous verrez passer une de ces américaines remplie de jeunes bourrés ou shootés, conduite n’importe comment, semer la terreur sur sa route comme on le voit dans tous les films américains. Sauf qu’on n’est pas au cinéma…


* * *


Passons sur le voyage en bus Nasca - Arequipa. Cette Panamericana est vraiment terrible, au sud de Nasca. 400 kms: 9 heures... Et encore, ça roule mieux de nuit, tant que les camionneurs dorment.
Je viens de discuter avec un étudiant français qui m'a donné une nouvelle rassurante: il a déjà passé deux mois en Equateur puis au Pérou et n'a jamais connu le moindre problème. Le souci doit donc venir de moi, de ma tête de gringo et de mon sac-à-dos! D'ailleurs, j'aurais mieux fait de laisser le Nikon à la maison. Vu le peu de fois où je peux le sortir, un petit compact aurait largement suffit, aurait été moins visible et lourd et fait d'aussi bonnes photos...


* * *


Bonne nouvelle: Arequipa a effectivement un centre-ville très sympa qui me redonne goût au Pérou. Mais restons prudent tout-de-même. J'ai demandé au gardien de l'hôtel où je pouvais déambuler et où je devais m'arrêter. Cela représente environ un rectangle de 8 rues sur 5 rues, au milieu d'une ville de 600 000 habitants.
Bref, nous sommes bien protégés tant que nous restons dans nos prisons dorées.

@ suivre !


vendredi, octobre 09, 2009

Perou I - Lima : des hauts et des bas


Signes...


Dans la voiture en route pour Lyon "St-Exupery", France Inter diffuse un sujet sur le site "couchsurfing" mettant en relation les personnes ayant un canapé disponible et celles souhaitant en profiter. Dans son exemple, la journaliste dit: "Que vous alliez à Lima, à Tokyo ou en Inde..."; eh bien oui, justement, je vais à Lima!

Quelques minutes plus tard, les infos de 13 heures de ce dimanche 4 octobre débutent par une chanson de Mercedes Sosa: "Gracias a la vida"...
La semaine dernière, en préparant mon voyage, je voulais m'amuser à créer un "diaporama d'anticipation", à base de photos prises avec Flight Sim en imaginant comment allaient se dérouler mes vols prochains. Quand il s'est agit de le mettre en musique, j'ai immédiatement pensé à Mercedes Sosa et, bien entendu, à "Gracias a la vida" qui fait partie de ces chansons qui me reviennent en tête régulièrement.
Sosa était un peu l'emblème de l'Amérique du Sud, et sans doute la seule chanteuse de variété populaire que j'en connaisse. Qu'elle disparaisse le jour de mon premier voyage vers ce continent est, pour moi, une nouvelle ironie du sort.

* * *


C'est la septième fois que je passe par l'aéroport de Madrid-Barajas et, comme la première, je suis toujours autant émerveille.
Le T4 (et son T4S) est immense, spacieux, aéré, bien conçu... Quand on connait un peu certains aéroports français (ADP en particulier), il y a vraiment de quoi faire un complexe d'infériorité. Tout est simple, clair, d'une propreté impeccable. Personne ne s'y marche sur les pieds, alors que les vols s'enchainent sans cesse sur ses quatre pistes... A coté, Roissy a vraiment une ère de retard!

Business is business.

Au moment de présenter ma carte d'embarquement pour accéder à la passerelle et au Boeing 767, un biiiiip retentit, plus long que pour les passagers me précédant. Aie, les ennuis commencent...
" Ka-mousss... No esta en la lista!
(La collègue du comptoir voisin regarde.) - Si, si, mira..."
Elle lui dit rapidement un truc... L'hôtesse raye alors mon numéro de place "26A" et le remplace par un "2D" d'un coup de griffe.
" Viajara en Business.
- Ah? Euh... ¡ Muy bien! Gracias..."

Quand j'ai vu le siège qui allait accueillir mon fessier pendant douze heures, je me suis senti tout con. Vraiment pas à ma place. Il devait bien y avoir un mètre entre mes genoux et le siège devant moi!
Alors que mon voisin carburait déjà au Champagne, j'ai été surpris lorsque, à peine assis, une charmante hôtesse m'a demandé ce que je voulais boire. Tellement pris de court que je n'ai réussi qu'à bredouiller "jus d'orange" dans un mélange anglo-espagnol lamentable, alors qu'il y avait toutes sortes d’excellents whiskies, cognac, vins...
Décollant à plus de minuit, je craignais qu'il n'y ait pas de repas à bord et que ce soit "extinction des feux". En fait, ce fut là-aussi très classe, avec choix du menu à la carte et vin servi comme dans un grand resto: "Ce Malbec vous conviendra-t-il?"


* * *


Je viens de manger un petit "menu del dia" dans le quartier dit "Centro" de Lima. Tous les restos se ressemblent, j'en ai choisi un par coup de coeur: il n'y avait que des minettes pour servir et cuisiner.
5,5 soles le menu (petite entrée + plat, très bon d'ailleurs) et 4 soles la bière (630 ml), soit environ 3 euros.

Ici, où que je regarde, tout est bancal! J'aimerais prendre en photo la peinture du plafond comme des murs; j'aimerais prendre en photo la crasse sur chaque lampe et chaque publicité de bière; j'aimerais prendre en photo cet interrupteur, là, juste au-dessus de moi, dont les fils mal raccordés sont noirs de poussière grasse; j'aimerais vous montrer tout ce jeu de miroirs qui entourent la salle: tous fêlés, tachés voire complètement déformés... J'aimerais, mais je n'ose pas. Je n'ose pas sortir l'appareil, de peur que cela soit mal interprété, qu'ils imaginent que je me moque d'eux ou que je les méprise...
Pourtant, j'adore! J'adore ces "défauts" omniprésents, ce sol bringuebalant et couvert de chewing-gum, de taches, de carreaux casses. J'adore ce bricolage permanent, dans les moindres détails. Je voudrais les photographier, non pas avec dédain, mais au contraire pour me souvenir de tout, ramener chez moi des morceaux de cette Amérique du Sud passionnante dont j'ai tout à découvrir. Mais je n'ose pas...



Photographier le centre historique et sa Plaza Mayor, c'est facile. Il y a au moins deux policiers à chaque carrefour et tous les 20 mètres dans chaque rue. Bref, dans le centre, on ne risque pas grand chose et les photos ne dérangent pas vraiment, ils n'y font plus attention.
Par contre, l'intéressant se trouve dès qu'on s'éloigne un peu des quelques rues indiquées dans le guide. Après les avoir quittées, j'ai vite du ranger l'appareil dans le sac. Oh, je ne sais pas s'il me serait arrivé quelque chose, sans doute que non... Mais c'est une tentation bien forte pour tous ces gens qui vivent de peu, et surtout de petits trafics en tout genre, de commerce parallèle, voire pire.
Alors voila, j'ai encore été incapable de prendre en souvenir ce que j'aurais voulu. Pourtant, il faut parfois le voir pour le croire!

D'abord, le quartier des gares routières. Chaque compagnie a sa gare, présentant ses autocars au confort très varié, depuis "l'Economico" jusqu'au Royal-machin-truc impérial avec couchettes et hôtesse.
Puis le quartier des mécanos. Ici, pour celui qui ose, il y avait de quoi faire une expo! Plusieurs rues dédiées exclusivement aux petits garages, aux réparateurs "spécialises" (ici les carbus, là les moteurs, ailleurs les transmissions, etc.), aux vendeurs de pièces de récupération. Parfois plusieurs "réparateurs" se mettent sur un même moteur, cherchant le bruit encore plus suspect que les autres...



* * *


Maintenant, je sais.
Autre jour, autre balade. Ayant tourné et re-tourné dans tout le quartier du centre touristique, je me suis éloigné un peu. Pas aussi loin que la veille, pourtant.
En souhaitant faire un tour dans les "Barrios Altos", où il est indiqué dans le guide qu'il se trouve la "Punta Heeran, bel ensemble homogène de demeures coloniales avec jardins", j'ai traversé un autre quartier de la bricole: les étagères. A suivi le quartier des sacs: de voyage, a dos, a main... que des magasins de sacs.
Au bout de la rue, j'ai aperçu une église assez dominante, j'ai souhaité pousser jusque là. J'ai vu mon dernier policier en traversant le carrefour puis, en quelques mètres, les magasins ont disparu. Rien de grave, il n'y a que quelques petites vieilles papotant sur le pas de leurs portes: aucun risque. Pourtant, sans m'en douter, j'ai du faire 100 mètres de trop. J'ai compris quand j'ai vu quatre jeunes sortir de nulle part et l'un d'eux me dépasser en courant. Trop tard, un autre essayait déjà de s'agripper à ma pochette de ceinture.
Des gamins de quoi... 15, 16 ans? L'un a montré un revolver, doré, très joli mais peu crédible, puis ils ont essayé de me trainer dans un passage. Heureusement, ce n'était pas encore de vrais durs, il leur restait à apprendre. Mais enfin, contre quatre ados dans la force de l'âge, il a fallu résister un moment.
J'ai crié "policia" très fort, plusieurs fois, mais celui que j'avais croisé au carrefour 100 mètres plus bas n'a pas montré le bout de son nez. Finalement, ce sont des femmes qui sont sorties et ont éloigné les gamins, me poussant dans un taxi (gros coup de chance d'en trouver un à cet endroit). J'en suis quitte pour une ceinture rallongée d'un cran...
Bref, quand le premier chauffeur de taxi, celui de l'aéroport, me disait "il y a des frontières à ne pas dépasser", son avertissement n'était pas des paroles en l'air. Le problème, c'est de les repérer, ces frontières; car parfois un coté d'une avenue peut être fréquentable, l'autre non.

Ces merdeux, je ne leur en veux même pas. Après tout, ont-ils le choix de faire autre chose pour vivre? Sans doute pas. Ils sont nés 100 mètres trop loin, voila tout. Et encore, eux sont plus proches de la "frontière" qui se déplace petit à petit. Je n'ose pas imaginer la vie de 95% des huit millions d'habitants de cette agglomération gigantesque. Ces 95% qui sont dans le même cas que mes "ladrones", mais encore plus loin du centre, là où il n'y a même pas de touriste à dépouiller.
Comme disait mon "sauveur de taxi":
"Perú est un pays qui croît trop vite. Ceux qui travaillent comme moi ne peuvent pas suffire à faire vivre tous ceux qui n'ont rien à faire..."




jeudi, octobre 01, 2009

Quelques photos de retard

JP 09 : Château de Parentignat


Centenaire du Viaduc des Fades: "Diacomédie" aux Ancizes


Pas simple, la photo de spectacle en faible lumière, mais exercice amusant...

samedi, juillet 04, 2009

Bruges, ou Brugge ?

A Bruges, on dit "Brugge"... Brugge, c'est en Flandre, et on y cause donc flamand.

C'est propre, joli, très joli. Peu de mélanges choquants comme à Bruxelles, l'architecture historique ayant été mieux préservée.
J'ai eu la chance d'y trouver un ciel bleu intense digne d'Aranjuez!


(et 31 autres photos en vrac)

vendredi, juin 26, 2009

Bruxelles

N'ayant eu qu'une matinée de pluie en six jours, d'après les statistiques il devrait donc pleuvoir au moins quatre ou cinq jours d'affilé après mon départ...
J'ai donc eu du bol: temps très agréable avec parfois un ciel bleu si intense qu'il m'en rappellerait l'Espagne! Mais la température n'est pas espagnole, hélas.

Pas grave, Bruxelles est une ville bien sympa. Ambiance agréable, bonnes bières (pas données :-( ), terrasses sympa, quartiers variés, culture riche; il faudrait plus d'une semaine pour visiter tous ses musées et expos!
Ville de contraste architectural, toutes les époques y sont mélangées avec plus ou moins de bon goût... J'ai particulièrement apprécié la période "Art nouveau", il faudra que j'y retourne pour voir les immeubles que j'ai ratés.

Une petite sélection de 21 photos: beaucoup de détails, de façades ou de lucarnes sympa, des trucs un peu "graphiques". J'ai essayé d'éviter les photos toutes simples de monuments inévitables, on en trouve assez sur Google Earth ou autre. Trop peu de vie, de gens; je ne sais toujours pas faire...



Blague Belge: J'ai rencontré plusieurs plans touristiques, en centre-ville, dont le repère "Vous êtes ici" n'était pas du tout au bon endroit (voire carrément à un autre bout de la ville). Idéal pour faire perdre les touristes... Erreur d'un employé étourdi, ou sens de l'humour belge?

(Et 49 autres photos sans intérêt.)

samedi, juin 13, 2009

Compter jusqu'à trois ?

Dieu merci, ma Pumkin ne le sait pas...

Numero Un est parti aujourd'hui se mettre en ménage avec une charmante petite blonde qui, je n'en doute pas, saura le couvrir d'affection et de bons soins.



Il vous reste à adopter Numero Deux et Numero Trois !

Edit 15/06: Non, il n'en reste plus à adopter.
Petite annonce sur leboncoin: au moins 5 ou 6 réponses en quelques heures.
Faut dire qu'ils étaient tellement craquants!





mardi, juin 02, 2009

Accident AF 447 : « Et si… ? »

L’accident de l’Airbus 330 d’Air France me tracasse comme rarement.

Depuis hier, j’attends avec anxiété toute nouvelle info, comme si mes proches s’étaient trouvés dans cet avion ; cette nuit, je n’ai fait que rêver d’avion en panne, de nuit d’orages, de descente d’urgence et d’amerrissage…

Pourtant, des accidents surmédiatisés, il y en a eu d’autres ! Pourquoi celui-ci me traumatise-t-il plus que les précédents ?

Peut-être parce qu’il est l’exemple type de l’accident dont on se dit « cela ne peut pas se produire ». Peut-être parce que les seules hypothèses émises depuis hier remettent en question tous les vols transcontinentaux, voire même le transport aérien dans son ensemble…


Comment un avion peut-il disparaître, pouf, là, comme ça, sans même qu’un message radio d’appel au secours ait été émis ? C’est le contraire de tout ce qu’on nous apprend, le contraire de tout ce que j’expliquais habituellement aux amis non-pilotes qui avaient besoin d’être rassurés avant d’acheter un billet.

« - Un appareil bimoteur est conçu pour tenir le palier avec un seul moteur ;

- Tous les systèmes, électriques comme hydrauliques, sont doublés voire triplés ;

- La structure d’un avion est conçue pour résister aux turbulences les plus fortes et est testée dans des conditions bien pires que tout ce qui pourrait être réellement rencontré ;

- La foudre ? Rien à craindre, un avion de ligne en est frappé toutes les 1000 heures et, dans la plupart des cas, cela n’entraîne même pas de déroutement ;

- Etc. etc.… »


Jusqu’à présent, j’étais persuadé que les seules choses qui pouvaient détruire un aéronef en vol étaient un missile ou une bombe. La connerie humaine étant incommensurable, ce risque ne sera jamais totalement exclu. J’avais donc décidé de faire avec et je n’y pensais jamais en prenant l’avion.

D’emblée, il semble qu’à peu près tout-le-monde se soit mis d’accord pour exclure la thèse de l’attentat, pour ne garder que des causes « naturelles » ou techniques. Soit. D’où mon désarroi, donc, puisque j’étais persuadé que, techniquement, « cela ne pouvait pas arriver »

Et puis… Il y a les experts ! Ah, les experts… Ils ne savent rien, eux non plus. Mais il faut de l’info ; et si on n’a pas d’info, eh bien créons-là ! Alors ils parlent, imaginent, subodorent… La foudre aurait fait ci, la grêle aurait fait ça, les pilotes auraient oublié quelques instants leur radar météo lors d’un changement d’équipage (si si, je vous assure, je l’ai lu !), et ainsi de suite. Peut-être, peut-être pas ; du grand n’importe quoi…


Et si, tout simplement, on avouait qu’on ne sait pas ?

Et si, tout simplement, on admettait qu’on ne saura peut-être jamais ?


Image satellite du 1er juin 2009, 2h15 UTC (source : Eumetsat) :


Communiqué du BEA (extrait) :

« Le BEA recommande, en de telles circonstances, d’éviter toute interprétation hâtive et spéculation sur la base d’informations parcellaires et non validées. »