jeudi, décembre 30, 2004

L’habit fait le moine…

J’adore mon uniforme ! On dit que l’habit ne fait pas le moine, mais des fois… A se demander si je n’ai pas raté ma vocation : j’aurais du être flic ou militaire, tenez…
Pour ceux qui ne connaissent pas, l’uniforme T2C est fait de gris et de bleu (*). Et à voir la réaction de certains, il fait vraiment « police ». Alors forcément, j’en profite et je m’amuse avec ça, parfois.

Par exemple, pour éviter les coûteux kilomètres en voiture, je passe au super-marché faire les courses en rentrant du boulot. Et bien, je ne sais pas pourquoi, mais tout le monde me regarde ! Sur le parking, à l’intérieur, entre les rayons, à la caisse, partout. A mon avis, le clampin moyen ne doit pas reconnaître l’uniforme du banal chauffeur de bus que je suis, mais plutôt se demander à quel corps des forces de l’ordre j’appartiens ! Lol, trop drôle !!
De même, je suis passé par « Brico-Dépôt » pour acheter l’enduis du salon. Même réaction étonnée de la plupart des personnes que j’ai croisées. J’aimerais vraiment savoir quelles sont les questions qui leur traversent l’esprit : « Pfff, encore un fonctionnaire qui profite de son boulot pour faire ses achats personnels », ou je ne sais quoi encore… Alors que je téléphonais à mon ami Roger depuis le rayon des peintures, un policier, un vrai, en tenue et armé, est venu lui-aussi faire un achat au même endroit. Il a été tellement surpris de voir un autre « type en bleu » que j’ai cru un instant qu’il allait se mettre au garde-à-vous !

Hier, autre expérience amusante. Etant allé faire un tour en ville après le boulot, je suis rentré en bus. Normal, devez-vous penser. Certes, mais en tenue T2C complète, je suis allé m’installer au fond du bus, là où vont généralement s’agglutiner les mauvais éléments (comme les mauvais élèves à l’école !)…
Je passe sur l’étonnement des passagers qui se demandaient, là encore, quel devait bien être mon rôle. Beaucoup plus amusant : un peu plus loin, trois « djeuns », genre lascar à casquette, sont montés normalement à l’avant, avant de prendre la direction du fond. Ma vision les a immédiatement stoppés net, ils se sont échangés quelques mots et semblaient ne pas savoir où se mettre ! Du coup, et sans doute pour la première fois de leur vie, ils se sont posés à l’avant, avec les personnes plus âgées, mais tournés vers moi, sans jamais cesser de me surveiller… Excellent ! Avaient-ils peur d’un petit contrôle, par exemple ? L’idée ne semble même pas leur avoir effleuré l’esprit que je puisse simplement ne pas être en service. Uniforme, donc travail. Habit, donc moine…

Au passage, j’en ai profité pour attraper une conversation amusante entre deux ados « normaux » de ce même bus (oui, je sais, c’est pas bien d’écouter, bla bla bla) :
« - Oh, tu te rappelles, la fois où on a dormi je sais plus combien d’heures au milieu du rond-point ? ‘Taing on en tenait une bonne !
- Oué c’est vrai ça… Quand même, on leur en fait voir, aux parents, non ?
- Mbof, faut bien que jeunesse se passe…
- Ouaip mais bon, quand même, qu’est-ce qu’ils dégustent, des fois ! (Grands sourires…) »

(*) Couleurs qui vont progressivement changer en 2005 et faire moins « flic », justement. Dommage ;-))

lundi, décembre 20, 2004

Du vrai de vrai…

Du 100 % bien franchouillard, bien facho à fond comme il faut, mais syndicaliste quand ça l’arrange. Il existe, je l’ai rencontré…
« - Bonjour Monsieur.
- B’jour… Ca fait plaisir, vous êtes à l’heure (ça, c’est moi).
- Ah, comme c’est sympa, ces p’tites maisons de campagne ! Vous devez pas être bien dérangés. Au moins, doit pas y avoir d’étrangers, ici…
- Euh oui, enfin non… Le compteur est ici, je vous laisse faire, je termine mon p’tit déj’.
- (Tout en commençant le boulot) Ah vous en avez de la chance. Chez moi, ya que de ça. Putaing je peux plus les voir. Pas un pour rattraper l’autre. Dans mon quartier, je vous mets au défi de sortir la nuit, hein !
- Ah ? Vous habitez où ?
- Château des Vergnes. Les dernières p’tites maisons, là, juste avant les tours. Vous savez, j’discute avec les vieux, bin ils vous diront tous qu’ils étaient plus en sécurité pendant la guerre, avec les Allemands partout, qu’aujourd’hui !
- (Entre deux cuillères de céréales) Euh oui, enfin bon…
- Et quinze millions, qu’il y en a comme ça, c’est dingue ! J’aimerais bien savoir combien y’en a qui travaillent, tenez. Viennent pour les allocs, font des gosses et hop, gagnent plus que moi qui arrive à peine à dix-mille balles en fin de carrière. Et c’est vous et moi qui payons ! Vous savez, des fois, on a beau dire, un bon coup d’Le Pen, ça ferait pas de mal. Quand la chasse sera ouverte, j’aurai pas de complexe, je regarderai pas si c’est des femmes ou des gosses, tiens !
- Moué enfin je connais un peu le problème… Ils sont pas tous mauvais, loin de là, mais voilà, il en suffit de quelques-uns qui foutent le merde pour que ça fasse l’image de tous les autres…
- (Qui ne m’a pas écouté) Et les femmes, on pourrait croire qu’elles vaudraient un peu mieux, mais non ! Vous en croisez dans le quartier, c’est pas des regards qu’elles jettent, elles auraient des fusils dans les yeux qu’elles nous tueraient sur place. Tenez, on parle toujours de la torture en Algérie par les Français, gnagnagna, mais on parle jamais de ce que faisaient les arabes, là-bas ! Et à tout le monde, les civils, les femmes, l’horreur ! Mais ça, personne ne le dit, bien-sûr… »

Autre sujet, autre extrait :
« - Et vous êtes en congés, cette semaine ?
- (Lavant mon bol) Euh, non non. Je récupère, vu que j’ai bossé six jours d’affilé, j’ai pas le droit d’en faire sept.
- Vous faites six jours de suite ? Mais des fois, vous devez y aller que pour deux ou trois heures, alors ?
- Bin euh non, sept heures par jour, normal, quoi. Mais j’ai une journée à récupérer pour avoir travaillé le dimanche, par contre…
- Eh bien dites donc… Pfff nous on peut dire qu’on s’est bien fait avoir, avec ces trente-cinq heures, là. Avant, à trente-huit heures, on pouvait en faire plus pendant un temps, puis récupérer comme ça nous arrangeait, c’était bien mieux que maintenant… Là, on travaille cinq jours pendant les belles périodes de l’année, et en hiver, quand on peut rien faire, paf, on bosse plus que quatre jours, pour récupérer.
[…] Y’a bien fallu que ce soit des socialos qui nous pondent ça ! De toutes façons, moi j’leur ai dit, aux collègues : la gauche a tué le syndicalisme ! Avant, on pouvait rien nous faire, les gars se mettaient en grève tous ensemble et hop, en quelques jours, c’était réglé. Avec Mitterrand, plus personne n’osait rien dire, alors voilà, ils ont fait tout ce qu’ils voulaient, et les collègues ont fini par ne plus reprendre leur carte…
[……] Ah on est vraiment dans un pays de merde, moi j’vous le dis. Si y’avait pas qu’ma femme veut pas partir, moi j’me casserais d’ici, tiens… »

samedi, décembre 18, 2004

Un chacheur chachant chacher........

Ce matin, j’étais décidé. Une bonne marche pour mettre les idées en place, et au retour, hop, chez José. Cette fois, je prévois d’exploser une bonne fois pour toutes, de récupérer cette mousse et de me débrouiller avec mon parquet. Mais à la place du boulot promis et jamais effectué, je m’abstiendrai de lui payer ce que je lui dois. Et j’espère ne plus avoir à entendre parler de lui…
Je vais donc faire mon tour de St-Romain, je passe devant les chevaux qui n’ont rien à faire de ma présence et lèvent à peine la tête. Au sommet, ça souffle un bon petit air froid qui, au passage, fait monter le bruit des forêts environnantes. Un son vite agaçant est celui des chiens : ils n’aboient pas « normalement », ils produisent l’aboiement haineux du chien qui fait fuir le renard pour mieux le rabattre vers les fusils qui ne lui laisseront que peu de chances.
On a beau me dire que les renards sont « nuisibles » et trop nombreux, il n’y a rien à faire, ça me fait un pincement au cœur quand même. Il y a quelques jours, en rentrant du boulot, j’en ai croisé un dans le faisceau de phares, traversant lentement, « à pas de velours », reniflant le sol, cette queue longue et superbe caressant le sol (*). Magnifique. Et ce matin, deux coups de feu, puis un troisième, mettent fin aux aboiements. Et sans doute aussi à la vie de ce renard ou d’un autre.

Au retour, je vais chez José comme prévu. Il semble qu’il reçoive de la famille, et on va éviter le scandale devant tout le monde. Et tant qu’à faire, si je dois finir par lui taper dessus, autant qu’il n’y ait pas de témoin… Je demande simplement à récupérer ma mousse et préviens que « je vais terminer mon affaire tout seul ».
L’employé qui a commencé la pose du parquet vient m’expliquer comment il a procédé, et que pour bien caler les premières lattes, il doit procéder de telle manière, sans mousse, puis la glisser dessous avant de continuer. Dont acte ; lui au moins à l’air de connaître son boulot. Je lui dis que je vais apprendre à le faire et que je vais sans doute me débrouiller sans eux, pour la suite…
Moins de cinq minutes plus tard, deux employés viennent de nouveau frapper… et m’annoncent qu’ils vont avancer le travail dès ce matin. Tiens donc, comme par hasard. Je n’aurais même pas eu besoin d’élever la voix. Je demande : « Tiens, votre patron a pris peur ? ». La réponse sera un petit sourire qui en dit long…

(*) Au fait, je crois avoir trouvé pourquoi les chasseurs jouissent autant à tuer les renards. Ce doit être affaire de vengeance. La magnificence de la queue de ces derniers rend sans aucun doute jaloux ceux qui ne savent mesurer leur masculinité que par la taille de la leur et la longueur de leur fusil…


jeudi, décembre 16, 2004

21h30.
Je rentre du boulot et, ô miracle, ô joie, la pose du plancher flottant a enfin débutée !
J’admire le travail, je cherche à comprendre, je… Mais dites-moi… ? N’avais-je pas acheté de la mousse, indispensable et obligatoire pour servir de sous-couche ? Et où est-elle passée ?
Mieux vaut ne pas aller directement tuer le voisin tout de suite. Je l’appelle ; au téléphone, si je pète un plomb, ce sera moins grave. « Booaah, il va peut-être la glisser par-dessous, non ? » ose-t-il me répondre. Vaut-il vraiment mieux entendre ça que d’être sourd ? Des fois, pas si sûr…
Vivement demain matin que j’aille cracher ma haine en courant. Il n’y a vraiment que ça qui me calme, en ce moment. Jamais autant couru de ma vie…


Il me manque la carte « d’état-major » de la région. Je découvre les chemins au hasard, mais voilà, beaucoup ne mènent nulle part. Et puis j’aimerais bien savoir comment s’appelle tel lieu, et combien de kilomètres j’ai fait dans la matinée.
Ce matin, un peu moins de trois heures de marche, beaucoup de détours ici ou là, un peu de course et un zest d’escalade. Au pif, je dirais une bonne quinzaine de kilomètres. L’escalade, c’était pour grimper sur une espèce de téton, là, un petit volcan qui se remarque de loin par son aspect vraiment conique. Pas très haut (713 mètres, le village au pied étant vers 650 mètres), mais très casse-gueule : le Pic de Mercurol, semble-t-il.
Pas très loin, l’impressionnant château de Lachaux-Montgros. Seul point un peu gênant dans ce genre de balade, c’est quand vous sortez d’un bois, que vous avez du traverser pour trouver un nouveau chemin, et que vous tombez nez à nez avec des chasseurs. Mais ça ira pour cette fois, ils ne m’ont pas confondu avec un renard…


mercredi, décembre 15, 2004

20h20, après quelques heures de conduite…

Une chose est certaine, vous n’aurez pas ma tête cette fois-ci. En tous cas, pas dans l’insert de la cuisine. « Mercredi au plus tard » ne doit pas vouloir dire la même chose dans la tête d’un chef d’entreprise espagnol et dans la mienne…

Ce soir : petite satisfaction professionnelle. Vu de l’extérieur, ça doit être risible ; vu de certains collègues, ça doit sembler méprisable. Pourtant voilà, moi, j’en ai la banane jusqu’aux oreilles. Je m’explique…

Au printemps, un petit « groupe de travail » a été constitué (employés de tout niveau et de plusieurs services) pour cogiter sur la manière d’améliorer les signalements de problèmes techniques sur les bus. D’où un meilleur traitement, un taux de panne réduit, un service amélioré pour notre clientèle.
Parmi un éventail de solutions proposées, j’ai pris l’initiative de créer une nouvelle fiche, plus complète, avec comme base des cases à cocher, un croquis de bus, une partie « commentaires », etc… Fiche améliorée conjointement entre mon PC perso et le service technique, au fur et à mesure des réunions, puis adoptée par Notre Directeur Himself. Déjà, avant l’été, cette fiche avait été présentée dans la feuille d’info mensuelle de l’entreprise. Fierté. Hélas, depuis des mois, plus de nouvelles, à se demander si le projet n’avait pas été finalement abandonné.
Et puis ce soir, rentrant le bus au nettoyage, un agent de maîtrise du remisage vient m’annoncer que les nouveaux carnets sont arrivés ! Ma fiche à moi, reprise intégralement sous forme de carnets, en plusieurs centaines d’exemplaires. Alors là, Méga-Fierté. Et oui, je vous avais dit que cela vous ferait sourire. Mais voilà, on ne se refait pas. Pour moi, travailler dans une entreprise comme celle-ci, ce n’est pas simplement faire ses sept heures et rentrer chez soi. C’est aussi s’intéresser à son fonctionnement et participer à son amélioration. Même très modestement…

Petit bémol, toujours le même : salon non terminé, pas de possibilité d’installer mon bureau, ni mon PC et sa connexion Internet. Et donc, pas de possibilité de continuer le travail. J’aimerais profiter de cette satisfaction pour relancer le petit « guide de dépannage » que j’avais commencé et que Benoît, aux services techniques, avait déjà bien amélioré. Hélas, je suis coincé… A cause de qui ? De José et de ses promesses non tenues, comme d’habitude.
Bon, espérons qu’il fera beau demain matin, histoire d’aller se calmer un peu en arpentant les chemins de la région…


samedi, décembre 04, 2004

Le Cinéma, c’est un peu le virtuel, bien avant l’Internet. C’est aussi du mensonge, mais qui ne s’en cache pas ; c’est le bon côté du faux (ouh là, je deviens grave, là)…

J’ai vu beaucoup de bons, voire de très bons films, ces derniers temps. A chaque fois, j’aurais voulu prendre le temps de chercher les mots justes pour vous donner envie de partager avec moi ces bons moments. Mais voilà, un déménagement, des travaux, pas mal d’hésitations et beaucoup de temps perdu.

Avant de parler des bons, quelques mots sur un navet. Et oui, il m’arrive aussi d’aller voir des daubes ! Après le film de méchants avec un Tom-Cruise-Terminator, là, je suis allé tué le temps au « Terminal ». Non pas que ce film m’inspirait beaucoup, mais voilà, j’avais quelques heures à passer à Clermont, bloqué, un jour où le ciel avait décidé de nous tomber sur la tête. La séance de 11 heures m’aura au moins permis de sécher, avant d’aller me retremper en sortant.

Je suis allé voir « le Terminal » parce qu’à cette heure-ci, je pensais que c’était encore ce que je pouvais trouver de moins pire pour pas trop cher. Et puis, ça se passe dans un aéroport, alors forcément… Mais voilà, le Spielberg que j’apprécie dans « Schindler » ou « Minority Report » (pourtant des genres très différents), ce Spielberg-là aurait mieux fait de rester couché. Acteurs mal dirigés qui sur-jouent (Tom Hanks pire que tout), clichés faciles, bons sentiments politiquement corrects… Beurk.

Seule touche de charme et de perfection au milieu d’acteurs perdus dans ce film raté, une Catherine Zeta-Jones méconnaissable. Paraissant 25 ans, fraîche, craquante, belle comme ça ne devrait même pas être permis, on a du mal à croire qu’il s’agit de la même actrice qui tournait dans « Traffic » avec 20 kilos en trop et 15 ans de plus ! Hélas, ce film ne la méritait pas, et le M. Machin joué par Tom Hanks, encore moins.

Entre le bon et le mauvais, il y a eu « 2046 ». Amoureux inconditionnel de « In the Mood for Love », j’espérais en retrouver l’ambiance, le charme, la douceur et la finesse… Mais là, rien. Ceux qui avaient été moins emballés par le précédent ont, du coup, été moins déçus par cette soi-disant « suite » qu’est « 2046 ». Moi, si. Je suis complètement passé à côté.

Bon allez, j’arrête avec les trucs que j’aurais aussi bien fait de ne pas voir.

Mais avant de causer des films qui m’ont donné plein de plaisir, un grand merci au Rio d’exister. Le Rio, c’est un petit cinéma, une seule salle, à cheval entre Montferrand et les quartiers nord, propriété depuis quelques années du C.E. Michelin. Petit par la taille, mais grand par la programmation. Quand un film de qualité, sans doute trop bon pour pouvoir toucher le « grand public », sort dans une vingtaine de salles en France, le Rio fait partie de ces salles. Sans lui, je n’aurais jamais pu connaître la plupart des plus beaux films que j’ai vus ces dernières années…

Un truc amusant : en m’essayant à jouer les pseudo-critiques de cinéma, je constate qu’il est plus facile de casser un film que de bien parler d’un qu’on a vraiment aimé. Trouver les mots pour être méchant, ce n’est pas bien dur ; trouver les bons mots quand on aime, c’est beaucoup moins simple.

Alors voilà : j’ai aimé, tout simplement : « Assassination Tango ». De et avec Robert Duval. Avec un nom pareil, mais surtout avec une telle sensibilité, non pas à fleur de peau, mais « à fleur d’image », ce Duval se devrait d’être Français. Ou au moins, d’une quelconque origine hispanique, pour ressentir et transmettre aussi bien la précision, la force et la douceur d’un tango, autour d’une petite histoire de « contrat »…

Et bien non, Bob est américain, dites donc ! Un américain faisant un cinéma d’une telle finesse, c’est donc possible… Comme quoi, rien n’est perdu ! Hélas, combien auront eu la chance de voir ce film ? Combien auront seulement été avertis de son existence, au milieu des grosses machines commerciales ne laissant que peu de place pour les autres ? Ah mince, on m’a dit d’arrêter les pleurnicheries et les petits coups de gueule trop faciles. Ok ok…

Bref, cet « Assassination Tango » ne cause pas bêtement d’un tueur à gages vieillissant, loin de là. Ce n’est pas non plus un film sur le tango, sur cette sensualité qui s’en dégage, sur les liens qu’il peut faire naître au-delà des années qui séparent. Ce n’est pas un film sur la vieillesse et un passé lourd à porter, sur fond d’histoire et de politique dont les traces font toujours mal dans quelques pays d’Amérique du Sud. C’est tout cela à la fois…

Bon, c’est pas tout ça, mais j’ai une seconde couche à passer au plafond, moi…

jeudi, novembre 25, 2004

Cyrix DX2/66…


Depuis combien d’années n’avais-je pas lu ce petit sigle ?

Ca fait tout bizarre, alors que je m’apprête à changer un peu de vie, de faire un tel saut en arrière !

AST « Ascentia 810n », 8 Mo de mémoire vive, 456 Mo sur le disque dur. Ecran couleur (ah si, quand même !) de 10 pouces et quelques poussières. Système d’exploitation : Windows 3.11 avec interface « Axialis AX-Shell 1.1 »… (*)

En quelle année ai-je bien pu acheter ce truc ? J’étais dans l’Armée, donc entre juillet 94 et octobre 95. Peut-être ai-je du l’acheter avant l’été 95, oui, ça doit être ça. En tous cas, je me souviens du prix comme si c’était hier : 14 000 Francs pour la petite bête, et 2000 de plus pour 4 ridicules méga-octets de mémoire supplémentaires. A cette époque, l’Euro ne s’appelait encore qu’Ecu, et était encore bien virtuel…

Depuis le début, cette (très) chère machine a eu des problèmes de démarrage. Il fallait d’abord la mettre sous tension, la laisser chauffer un bon moment, puis éteindre et redémarrer pour pouvoir peut-être espérer lancer le chargement du Dos et de Windows. Après cela (et d’autres tentatives infructueuses, si trop d’empressement et une chauffe incorrecte), il y avait grosso-modo une chance sur deux pour que le machin aie daigné reconnaître un dispositif de pointage, que ce soit cet horrible track-ball ou la souris additionnelle. Si pas de reconnaissance, fermer Windows avec le clavier, éteindre la bébête, puis la rallumer en prenant bien soin de gigoter le dispositif de pointage désiré au moment de la détection, afin qu’il soit repéré.

Ce soir, malgré le froid qui hante ma nouvelle demeure, mais surtout malgré au moins quatre années d’inactivité, l’AST a retrouvé vie dès la troisième tentative seulement, après un « préchauffage » en règle d’une bonne dizaine de minutes. Cerise sur le gâteau, comme pour m’accueillir de nouveau et me remercier de ne pas l’oublier, il a reconnu son track-ball du premier coup !

Tout fonctionne à merveille. Windows 3.11, installé depuis le début, n’a jamais eu à subir la moindre réinstallation. Formatage ? Connais pas. Vaudrait mieux ne pas connaître, d’ailleurs, puisque des logiciels installés ici, je n’ai pas les disquettes d’origine. Dont l’inévitable Word 6, avec lequel j’écris ces lignes.

Quelques années plus tard, alors que le pauvre 386 s’était bien vite trouvé trop dépassé, j’ai acheté une plus grosse machine : un bon Pentium III à 4520 Mhz, le top de l’époque. C’est encore avec lui, malgré ses cinq ans et son Windows 98, que j’écris habituellement, que je lis mes mails, fais de l’avion ou regarde des DivX… Il a vieilli aussi, par rapport aux bêtes de courses actuelles, mais prouve que le besoin réel de puissance s’est stabilisé, puisque je fais tout de la même manière qu’avec un micro-ordinateur plus moderne et performant.

Depuis quelques jours, le volumineux PC de bureau est débranché, l’amas indescriptible formé par la bonne quinzaine de câbles nécessaires a été dénoué et dépoussiéré, l’ensemble étant éparpillé ici ou là, au milieu des meubles démontés qui rejoindront bientôt mon nouveau salon.

A l’étage au-dessus, quelques ouvriers s’affairent à le construire, ce salon. Après m’être chargé de la casse, mais aussi du vieux lino et du traitement du parquet, dont mon poignet se souviendra longtemps, eux se sont occupés de la laine de verre, du placo, et terminent en ce moment les raccords de plâtre…

Je me retrouve donc dans ce qui sera une cuisine salle-à-manger, mais qui est surtout pour l’instant un fourbi. Le tas de meubles et de cartons encombre une bonne partie de la pièce, du côté de la cheminée. Impossible, donc, de faire du feu, et la vue du compteur électrique tournant à une vitesse affolante me retient de monter la puissance des convecteurs. Je me gèle, mais mes finances chutant aussi vite que la température, je préfère encore sortir les gros pulls !

Ce soir, je me suis préparé mon premier « vrai » repas, dans mon petit chez-moi. Un repas sans aucune originalité, mais chaud et symbolique. Pour en accompagner charcuterie et pâtes, j’ai ouvert une bouteille de Bordeaux, pour fêter ça… Et plus tard, je passerai ma première nuit à Busséol.

Pendant que les Tortellini cuisent, j’ai donc ressorti ce bon vieil Ascentia et l’ai mis en chauffe, comme quelques années plus tôt. Le bruit n’a pas changé, le fonctionnement non plus, et tout cela fait remonter en moi une bonne dose de souvenirs… Que je raconterai peut-être une autre fois.

(*) Pour les « largués de l’informatique » : Fin 2004, la vitesse de 66 Mhz serait passée à 3 Ghz, soit 3000 Mhz. Un disque dur banal serait de 100 Go, soit plus de 200 fois la capacité de celui de mon vieil AST…

jeudi, septembre 30, 2004

8 ans déjà...

"Putaing, huit ans!" comme dirait l'autre ;-)
Huit ans dans le même appartement. Huit ans à se dire: "c'est du provisoire, je m'achèterai bien un truc un jour, etc etc"...
Le temps passe vite, mais rien ne se passe!
Et puis voilà, faut se lancer, faut se forcer, faut arrêter de prendre racine.

Ce matin, après y avoir passé plus de huit années, j'ai donc envoyé mon préavis de départ.
Adieu mon appart', et bonjour ma maison!
Toute petite, la maison, sans terrain ni belle vue, mais tranquille...
Ca va être caaaaaalme.......
Ce sera Busséol, petit village peinard de moins de 200 âmes, essentiellement peuplé de vieux et de chats (question: les chats ont-ils une âme?)
@ suivre...

lundi, septembre 20, 2004

Un beau vol de plus

Je suis passé des dizaines de fois à proximité de Bordeaux, au volant de mes cars de tourisme.
Mais je n'ai jamais eu réellement l'occasion de visiter cette ville magnifique.
Grâce à l'accueil de Jean, pilote local, c'est chose faite.
Une ville remise à neuf, une bonne ambiance sans excès, des trams filant silencieusement à travers le grand centre historique... Pourvu que le tram clermontois s'intègre aussi bien et rende les rues si agréables!

Samedi, belle balade en avion vers Biarritz, le Pays Basque, les Pyrénées Atlantiques.
Repas à Oloron, face au balai des planeurs et à ces belles montagnes, sous un soleil bienvenu de septembre.
http://fabien.camus.chez.tiscali.fr/annexes/baladero/baleroso.htm

mardi, septembre 14, 2004

Allende 9/11

"Je me souviens du 11 septembre 1973, jour sombre où l'Amérique fomenta un coup d'Etat pour abattre la révolution pacifique et démocratique qui se construisait au Chili, éliminant son Président de la République, Salvador Allende..."

Bin moi, je ne me souvenais pas de grand chose... A cette date, j'avais moins de 4 semaines!
Heureusement, le film-documentaire de Patricio Guzman, Salvador Allende, est venu rafraîchir ma mémoire.
http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=56872.html
Nécessaire souvenir.

lundi, septembre 13, 2004

Le cinéma asiatique...

... s'améliore de film en film.

Pendant la Fête du Cinéma, fin juin, j'avais vu Memories of Murder:
http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=55483.html
A l'heure où les américains ne sont plus capables de nous produire que des films d'horreur pour adolescents dégénérés, des Sud-Coréens nous sortent un policier tout en finesse.
Un scénario en béton, des acteurs touchants, quelques touches d'humour... Merci à cette région du monde de me redonner tant de plaisir à aller au ciné!

Samedi dernier, ce fut Infernal Affairs:
http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=51123.html
Cette fois, c'est Hong-Kong qui nous propose un polar, un vrai. Le meilleur que j'ai vu depuis des années, à la fois classique et innovant, sobre et tout en retenue. Du suspens, plein de rebondissements dans un scénario bien ficelé et inattendu, et une fin même pas morale, ouf!
A ne pas manquer, et à voir, bien entendu, en VO sous-titrée...

Oh, bonheur! Il devrait y avoir bientôt un Infernal Affairs II et un Infernal Affairs III:
http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=56785.html
et http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=57846.html

Les nouveautés de l'été...

... sur ma Page Perso:

- Une balade à Belle-Ile en Cessna: http://fabien.camus.chez.tiscali.fr/annexes/baladero/bre04/bre1.htm

- L'Album-photo de quelques-uns de mes voyages, enfin mis en ligne:
http://fabien.camus.chez.tiscali.fr/annexes/album/albumsom.htm

A suivre...

vendredi, mars 12, 2004

Atocha (Para no olvidarse...)


Pas simple de garer un car de tourisme à Madrid...
Pas simple de garer une voiture à Madrid, déjà... Alors un car...


Si l'Espagne est couverte de campagnes quasi-désertiques, ses grandes villes sont par contre encore plus bordéliques que les nôtres. Dire que les Barcelonais ou les Madrilènes sont entassés les uns sur les autres, ce ne serait pas assez... C'est en effet bien pire que ça.
Si vous trouvez une place où vous pensiez que seule une moto pourrait tenir, un Madrilène y garera sa Seat. Si si...

On pourrait croire que ce bordel se limite à la journée, quand le Madrilène de banlieue vient travailler en centre-ville... Le soir, avec les flots impressionnants de voitures quittant le centre, on espère donc pouvoir enfin trouver une place pour la sienne.
Et bien non. A croire que, en toute logique, alors que le Madrilène de banlieue s'en est retourné chez lui, le Madrilène du centre devait être en promenade à l'extérieur et revient piquer les places que les autres viennent de quitter...
Parce que, pour le pauvre petit français en voyage à Madrid, il n'y a pas plus de place à 22 heures qu'à 10 heures du matin...


Lors de mon premier voyage en car à Madrid, on m'avait un peu prévenu. J'avais donc pleuré auprès de ma patronne pour qu'elle veuille bien me donner une enveloppe suffisante afin de pouvoir payer un parking pendant 10 jours...

Premier jour de voyage. Départ de La Charme vers 4 h du matin, un conducteur "relais" faisant le trajet jusqu'à Bordeaux, avant que je ne prenne la suite jusqu'à la capitale espagnole. Le point de rendez-vous avec les "familles d'accueil" se situe devant la gare "Atocha", à 20 h. Inutile de préciser qu'après plus de 1000 kms, il ne sera pas désagréable de poser le car au plus vite, et d'aller faire connaissance avec le lit qui va m'accueillir pendant 9 nuits...

Le temps de refiler les gamins aux différentes familles, et nous sommes déjà plus près des 21 h que des 20, bien que je sois arrivé avec un quart d'heure d'avance. Normal, quoi...
"- Donde garer le car? Ah sì, sì... Aye oune gare routièèrre, aquì, euh, là-bas..."
Bon, l'organisatrice me file un plan avec l'adresse de la gare routière, donc, puis l'itinéraire pour rejoindre mon logement (à pieds, bien entendu...).

21 h et des poussières, me voici devant la gare routière.
Vous imaginez la gare routière de Clermont, un dimanche, à 9 h du soir? C'est vide? Et bien, à Madrid, à 9h du soir, il y a la queue pour s'y garer,si si...
C'est une gare routière en étages. Je me mets donc dans la rampe d'accès, et j'attends que la queue avance un peu...
Au fur et à mesure que je monte, je suis étonné de voir qu'il y a peu de bus, avec beaucoup d'espace entre chacun d'eux... Il faut dire que je ne vois encore que les toits. Je monte donc un peu plus, et là, je comprends ce qui prend tant de temps.
Quand il reste des places libres, pour ne pas perdre un mètre carré, on y loge des voitures... Trois, quatre voitures à la place d'un bus... Ce qui est compliqué, c'est qu'il faut noter l'heure de sortie souhaitée par chaque propriétaire de voiture, puisque qu'on ne peut pas en sortir une sans bouger d'abord celles garées devant. Bref, toute une organisation!
Le prix? 150 francs par nuit. C'est le tarif Bus, donc si une voiture veut prendre une place pour bus, elle paie le même prix. A 3 ou 4 voitures sur une place Bus, vous comprenez bien qu'il est plus rentable de louer les places Bus... aux voitures! Vous me suivez?
Enfin, pour ce soir, j'aurais eu de la chance. A peine trois-quarts d'heure d'attente...

Il est 22 h, je suis levé depuis 3 h du matin, et je suis là comme un con, avec mes sacs, à m'enfoncer à pieds dans les quartiers pour trouver la bonne rue (de nuit, bien-sûr) où je suis censé loger pendant le séjour. Je crois que j'ai mis à peine une demi-heure... et moins de trois minutes pour m'endormir!


Le lendemain soir, re-belote.
Mais il ne fallait pas espérer avoir tant de chance. A l'heure où je rentre de mon excursion journalière, la gare routière est déjà pleine... de voitures, sans doute, mais bon...
J'ai repéré des places pour bus derrière le musée du Prado, pourquoi ne pas en profiter?
J'y retourne, je me gare, formidable. Quartier calme, beaux immeubles, et en plus c'est gratuit. Hélas, ce sont des places pour bus, mais de jour. Interdites la nuit. Bon, tant pis, pas envie de me coucher à minuit, et j'ai faim.
Sauf que je suis loin de mon appart, il me faut donc prendre un taxi si je veux espérer arriver à une heure raisonnable. J'en profite pour me faire indiquer un autre parking bus pour les nuits suivantes. Hop, c'est noté...

Au matin, le car est toujours là, et même pas de PV... Mais un sympathique promeneur de toutou qui m'explique que, bon, d'accord, ils n'ont pas appelé la police, mais que les riverains ne veulent plus de bus ici la nuit, à cause du bruit des moteurs le matin, etc... Avertissement, donc. Bien reçu, m'sieur...


Troisième soir. Je passe devant la gare routière, aucune chance. Je vais donc tenter le "parking" indiqué par le conducteur de taxi.
En fait de parking, c'est une sorte de terrain vague, le long d'un grand stade. A l'entrée, une espèce de petite caravane; d'autres cars de tourisme, mais aussi des camions y sont garés...
Bon, il va falloir que je m'habitue aux coutumes du pays.
Ici, les parkings, c'est une sorte de mafia. Je pourrais vous en raconter sur Barcelone, aussi, d'ailleurs... Donc, le terrain appartient sans doute à la ville, mais les soirs sans match, il est récupéré par un loustic plus ou moins mafieux qui gère les lieux de manière... professionnelle, si on veut.
Du moment qu'on paie, pas de problème, personne ne viendra dévaliser le car ici. Parait que je pourrais même laisser ouvert, mais faut pas pousser quand même...
Le prix est le même que dans la très officielle gare routière: 150 francs par nuit. Mais, gros avantage, le gentil mafieux vous fait autant de vraies-fausses factures que vous le voulez, avec le montant de votre choix, en espérant que votre patron vous rembourse avec le sourire...

Bon, c'est bien gentil tout ça, mais malgré mon enveloppe "spéciale frais de parking", je ne risque pas d'avoir assez pour payer 150 balles pendant 9 nuits!
Il va donc me falloir trouver autre chose.


Quatrième jour.
A force de venir chaque jour récupérer profs et élèves devant la gare "Atocha", j'ai repéré un coin bien tranquille...
Bon, d'accord, il faut être un peu gonflé, mais bon... Vu les habitudes locales, plus c'est gros, moins ça se voit...
Au milieu du grand carrefour, au pied de l'ancienne gare, se trouve un passage sous-terrain. Et au niveau de sa sortie, au plein milieu d'une grosse avenue, il y a de jolis zébras. Dommage, je n'ai pas de photo pour expliquer le truc.
Bref, si je pose mon car là-dessus, bien sur les zébras, le long de la sortie du tunnel, et donc au beau milieu du carrefour, je ne devrais pas avoir à attendre bien longtemps avant que d'autres ne fassent comme moi.
Pari gagné, dix minutes après, un autre car de tourisme (espagnol) vient se coller devant moi... Finalement, c'est pratique, ce pays. Faut juste oser, c'est tout!

Depuis ce jour, lors de chacun de mes voyages à Madrid, j'ai posé mon car au même endroit, dont de nombreuses nuits. Et je n'y ai jamais pris aucun PV, personne n'a semblé se soucier d'un car garé au beau milieu d'un carrefour.
Tout est normal, quoi...


La "estaciòn de Atocha" est immense.
En premier, l'ancienne gare. Un magnifique bâtiment historique du même style que la gare d'Austerlitz, à Paris.
Derrière, dans son prolongement, la nouvelle gare, avec une partie "TGV", une partie "trains de banlieue", etc... Des rampes pour les bus, d'autres pour les taxis, et ça grouille de partout.

Au contraire, dans l'ancien bâtiment, ça ne grouille plus du tout. C'est même un havre de paix au milieu de l'agitation un peu folle du reste du quartier.
Au lieu de raser ce magnifique hall de gare (comme cela a failli être fait pour Austerlitz, heureusement classé 'in extremis' monument historique), il a été superbement réhabilité.
A l'intérieur, il a été créé un jardin aquatique, des petits cafés sympas, des passages au beau milieu d'une végétation tropicale, des bancs pour les amoureux (ou les autres)...
Régulièrement, de petits pulvérisateurs, répartis dans tout le bâtiment, projettent de la vapeur d'eau et permettent de conserver cette atmosphère chaude et humide, quel que soit le temps à l'extérieur.

Pas de bruit, pas de personnes qui courent, pas de flots de passagers montant ou descendant de trains bondés...
Rien que du calme, des petits plaisirs, un temps comme suspendu. L'endroit est déstressant, apaisant. Rien ne peut arriver, ici... Un havre de paix, c'est vraiment ça...

Chaque soir, après avoir garé mon car le long du tunnel, je rejoignais tranquillement mon logement en traversant ce petit coin de calme. Ce n'était pas le chemin le plus court, et une fois à l'intérieur, je flânais sans m'occuper de l'heure, jusqu'à ce que mon estomac me rappelle à l'ordre.
Même chose le matin, après un copieux petit déjeuner et son chocolat espagnol si épais que la cuillère tient debout dans la tasse, je prévoyais toujours un temps pour me ressourcer dans cette atmosphère si particulière et intemporelle, justement...


Hier, quand j'ai entendu les différents bilans grossir à chaque flash d'information, tous ces souvenirs sont remontés à la surface. De grosses larmes ont mouillé mes yeux, que ma dignité d'homme devrait m'empêcher d'avouer.

60... 80... 130... 170... 180... 190...
Et tous ceux qui seront blessés à vie, meurtris dans leur chaire ou dans leur coeur. Ceux qui, aujourd'hui encore, attendent désespérément un être cher qui ne reviendra sans doute plus...

Toutes ses personnes, j'ai l'impression de les connaître. J'ai l'impression de tous les avoir croisés, courant vers leur travail, vers leur train, ou prenant le temps, comme moi, de respirer un moment la paix de cette ancienne gare...


Aujourd'hui, comme l'Espagne, je me réveille avec une gueule de bois terrible, et cet arrière-goût de quelque chose qui ne veut pas partir.
C'est là, ça colle, ça remue les souvenirs, ça fait mal.

Aujourd'hui, avec elle et tous ses Espagnols, je suis en deuil.

Mais la vie continue.